Saint-Georges-de-Reneins
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Le mur romain n’aurait pas été bâti par les romains

Le mur romain n’aurait pas été bâti par les romains

Tout Reneimois de souche ayant traîné ses guêtres le long de Saône ainsi que les pêcheurs et les érudits ayant tenté d’étudier l’histoire de notre village connaissent le MUR ROMAIN.

 

Un mur édifié par les Romains au niveau de BOISTRAY ayant pour utilité, selon les versions :

  • De traverser la Saône
  • De conserver de l’eau pour la période d’étiage
  • D’être le gué de GRELONGES qui aurait été empierré

Et de génération en génération, on se transmet entre Reneimois, l’histoire du MUR ROMAIN, histoire d’autant plus crédible que des vestiges sont toujours visibles.

Et bien une légende populaire pourrait bien s’écrouler….. Le mur romain n’aurait pas été bâti par les Romains, loin de là !!!!!

Tout vient d’une photo aérienne prise juste après-guerre (1945-46) mettant en évidence au niveau de Boistray, un ouvrage sur la Saône. Un mur partant de la berge côté Saint Georges et allant sur plusieurs centaines de mètres dépasser le milieu de la rivière comme pour la canaliser. Et côté Ain, un mur, lui, perpendiculaire à la berge donnant l’impression de vouloir concentrer le courant en un lieu précis. 

Des recherches effectuées par Jean Claude BEAL historien de Saint Georges, bien connu et reconnu pour ses recherches et découvertes sur le du site de LUDNA ont permis d’identifier cet aménagement comme étant un « épi GIRARDON ».

 

À la fin du 19e siècle et pour tenir compte de l’évolution de la navigation, il fut lancé un programme de resserrement des eaux du Rhône dans un chenal unique limité par des digues submersibles et des épis.

C’est l’ingénieur en chef de la navigation du Rhône Girardon qui mit au point le système des « digues et épis Girardon »

Le principe était simple, fondé sur 3 principes :

Rassembler les eaux basses en un seul chenal par les digues submersibles.

Établir des courbes du fleuve permettant de stabiliser les mouilles par des digues submersibles longitudinales.

Accroître la vitesse de passage de l’eau par un système d’épis afin de creuser un chenal par l’érosion due à la force du courant ainsi crée.

Capturetempsseul

Un peu plus tard il fut décidé la mise en place sur la Saône, entre Chalon sur Saône et Lyon, de 28 ouvrages de type « épis GIRARDON » pour accroitre la vitesse des eaux à chaque « haut fond » afin que le courant créé creuse le fond et améliore le tirant d’eau permettant ainsi d’augmenter le nombre de jours annuels de navigation.

Dans cette liste des 28 ouvrages, citée par ASTRADE et DUMONT dans « évolution du profil en long d’un cours d’eau navigable » on retrouve celui de GRELONGES installé au Point Kilométrique 46 soit sur la commune de Saint Georges de Reneins.

Annie DUMONT dans « les passages à gué de la grande Saône cite SAVOYE qui date de 1896 les travaux d’élargissement du chenal : »  Les aménagements du lit mineur et des berges effectués au XIXe siècle ont également eu des effets déterminants sur la configuration et l’évolution du lit de la rivière, et par là même sur les vestiges archéologiques qui s’y trouvaient. Au niveau du gué de Grelonges, l’élargissement du chenal, pratiqué en 1896, accroît la force du courant qui érode les probables vestiges d’une ancienne île et d’un haut-fond et précipite de nombreux témoins archéologiques contre la rive droite, à un kilomètre en aval de l’emplacement supposé du gué (SAVOYE, 1899) ».

Le haut fond de GRELONGE pourrait être le gué de GRELONGES, certitude historique.

 

Mais comment avons-nous pu oublier cet ouvrage datant de la fin du 19e siècle et continuer de parler du MUR ROMAIN ? Mystère…

 

 

2000

Rassurons-nous, nous ne sommes pas les seuls car Emma BOUVARD, Université Lumière Lyon II, laboratoire U.M.R. « Archéométrie et Archéologie », dans son étude sur GRELONGE  datant de l’année 2000 parle du PONT des ROMAINS puis d’une digue en pierre mais ne les fait apparaitre dans le paysage de BROISTRAY qu’à partir de l’époque XVII-XIX eme siècle.

 

 

Mais l’efficacité des épis GIRARDON, sur la Saône, fut contestée assez rapidement car si le fond se creusait bien au niveau de l’ouvrage, il avait tendance après quelques années à recréer le haut fond à sa sortie,  là où le courant redevenait normal.

L’épi côté Ain fut détruit vers 1950 et le mur perdura jusqu’aux dragages des années 1970 1980.

Ce sont en fait la création de barrages, à aiguilles dans un premier temps, et le dragage du chenal qui permirent de normaliser la navigation sur notre belle Saône.

 

Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être plus tard, à moins qu’un autre Reneimois prenne sa plume ou son clavier pour le faire. J’espère qu’il y prendra autant de plaisir que j’en ai pris à faire ces  recherches sur notre patrimoine.

 

 

 Christian

 

 DUGELAY

 

Chemin accessible en randonnée par le circuit de la grange du diable.

https://saintgeorgesinfos.fr/wp-content/uploads/2021/10/Circuit-de-la-Grange-du-Diable.pdf

5 réponses

  1. Branche Philippe dit :

    Merci beaucoup pour cette étude très intéressante.
    Peut-être la même chose plus en aval sur l’ancien gué de Riottier.

    • Christian DUGELAY dit :

      effectivement, le gué de RIOTTIER est considéré comme « certain » par les historiens.
      Annie DUMONT dans « TRAVERSER LES COURS D’EAU A GUE » indique « à RIOTTIER et BELLEVILLE les gués et la notion de traversée qui leur étaient attachées se sont transformées dans la tradition orale, en sous terrains qui reliaient les deux rives !!! ».

  2. Mongin martine dit :

    Très intéressante informaton.
    Bien documentée.

  3. Chantal Auboin-Leroy et Gilles Berchet dit :

    Bravo pour ce travail de recherche et merci.

  4. […] Consultez également la récente découverte sur l’histoire du « mur romain » […]

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